Photographie et institution(s). Echanges transatlantiques entre Paris et New York (19e-20e siècles)

Journée d’études organisée le 23 mars 2007 (9h-19h) dans le cadre de l'École Doctorale "Langue, littérature, image, civilisation" par François Brunet (professeur, art et littérature des Etats-Unis, Laboratoire de recherches sur les cultures anglophones – LARCA, université Paris 7-Denis Diderot), Nathalie Boulouch (maîtresse de conférences, histoire de l’art contemporain, Équipe d’accueil Histoire et Critique des Arts, UFR ALC, université Rennes 2-Haute Bretagne) et Gaëlle Morel (ATER, histoire de l’art contemporain, université Rennes 2-Haute Bretagne).

Vendredi 23 mars 2007 de 9h à 19h

Université Paris 7-Denis Diderot
Institut Charles V
UFR Études Anglophones
10, rue Charles V
75004 Paris
Métro : Saint-Paul ou Sully-Morland
Salle A 11 (1e étage bâtiment A)

Sans réservation

Pour tout renseignement, merci de contacter : brunetf@paris7.jussieu.fr ou gaellemorel@free.fr

Les échanges transatlantiques entre Paris et New York constituent un champ d’études relativement inexploré de l’histoire de la photographie. C’est dans le contexte du Pictorialisme que s’engagent des dialogues autour de la photographie entre les deux villes, avant que la création du Museum of Modern Art (1929) n’impose New York comme le lieu de référence pour la politique muséale. Mais, dans ces deux métropoles, véritables centres dynamiques en matière de politique culturelle impliquant aussi bien les secteurs publics que privés, les relations se perpétuent tout au long du XXe siècle entre les artistes, les galeristes, les critiques et les responsables institutionnels. Cette journée d’études se propose d’évoquer au travers de différentes approches la richesse de ces rencontres transatlantiques.

9H : ACCUEIL.

9h15 : Ouverture et modération : François Brunet, professeur, études anglophones, université Paris 7.

LE ROLE DU MOMA.

9h30-10h : Laetitia Barrère, allocataire de recherche, histoire de l’art contemporain, université Paris 1.
Le Museum of Modern Art de New York et la photographie en France, entre instrument politique et modèle muséographique.
La création en 1940 du département de photographies au Museum of Modern Art (MoMA) de New York, représente un évènement incontournable dans le phénomène d'institutionnalisation et d'esthétisation de la photographie. Lorsqu'en 1952, le MoMA crée un programme international visant à encourager ses échanges artistiques avec l'étranger, la France, figure de tastemaker dans les consciences américaines, bénéficie d'une attention particulière de la part du musée. Dans le contexte d'après-guerre, on connaît l'importance de la peinture dans le lancement de l'art américain à l'étranger. Qu'en est-il de la photographie?

10h-10h30 : Kristen Gresh, doctorante, histoire de la photographie, Ecole des hautes études en sciences sociales.
Rencontres transatlantiques : Edward Steichen entre Paris et New York.
Cette intervention présentera le parcours d’Edward Steichen pour s’attacher plus particulièrement à son rôle de conservateur en chef de la photographie au Musée d’art moderne (MoMA) de New York. Steichen devient un acteur fondamental des échanges artistiques entre Paris et New York en contribuant à l’introduction de l’art moderne européen aux Etats-Unis. Il porte une attention particulière à la photographie française qu’il considère comme unique et distincte du reste de la photographie européenne.

10H30-11H : PAUSE

LES GALERISTES COMME PASSEURS.

11h-11h30 : Gaëlle Morel, ATER, histoire de l’art contemporain, université Rennes 2.
Tradition française et modernité américaine. Julien Levy et la photographie dans les années 1930.
Souvent comparé à Alfred Stieglitz, le galeriste américain Julien Levy (1906-1981) est avant tout connu pour son action de « passeur » en faveur du surréalisme de la France vers les États-Unis. Il convient néanmoins de révéler un aspect méconnu de son histoire et son importance dans la reconnaissance de la photographie comme un art autonome. Ce rôle de pionnier dans l'élévation de la photographie au rang d’art moderne passe notamment par la défense de deux figures historiques, Eugène Atget et Nadar. En célébrant l’œuvre de ces deux photographes, Levy tente de faire valoir et d’inscrire une certaine modernité photographique américaine dans une tradition française.

11h30-12h : Samuel Kirszenbaum, doctorant, études anglophones, université Paris 7.
Harry Lunn, un marchand américain à Paris.
Cette intervention s’attachera à la relation entretenue avec la France par le marchand de photographies Harry Lunn (1933-1998) qui, au début des années 1970, a été l’un des premiers à comprendre que la reconnaissance du médium passerait par la création d’un marché spécifique avec ses propres règles, structures et institutions.

DISCUSSION.


14h : Ouverture et Modération : Jean Kempf, professeur, civilisation américaine, université Lyon 2.

LE MODELE DU MUSEE AMERICAIN.

14h-14h30 : Larisa Dryansky, doctorante, histoire de l’art contemporain, université Paris 1.
Le Musée George-Eastman de Rochester et l'influence de Nathan Lyons : une “autre photographie américaine”.
L'historiographie française de la photographie américaine est restée largement tributaire de la vision défendue au MoMA dans les années 1960 et 1970 par le conservateur de la photographie, John Szarkowski. Pourtant, dans la même période où Szarkowski s'attache à refonder l'essence de la photographie selon une logique réductionniste moderniste, une autre conception tout aussi prégnante se développe au sein de l'institution historique du Musée George-Eastman de Rochester sous l'influence de Nathan Lyons, conservateur de 1962 à 1969. Peu étudiée, cette tendance plus “plasticienne” que “photographique” trouve des échos en France davantage du côté du milieu de l'art contemporain que des institutions photographiques naissantes.

14h30-15h : Nathalie Boulouch, maîtresse de conferences, histoire de l’art contemporain, université Rennes 2.
1976 et ses suites : la photographie couleur en France.
En 1976, l'exposition « William Eggleston : Color Photographs », organisée au Museum of Modern Art (MoMA) de New York par John Szarkowski, offrait à la photographie couleur le cadre d'une légitimation artistique. Cette communication se propose de revenir sur cet événement - dont la stratégie, immédiatement identifiée, a rapidement été relayée aux Etas-Unis - pour en discerner et analyser l'incidence en France au tournant des années 1970-1980.

15H-15H30 : PAUSE

LE RÔLE DE LA CRITIQUE.

15h30-16h : Katia Schneller, allocataire-monitrice, histoire de l’art contemporain, université Paris 1.
La diffusion de la pensée sur la photographie de Rosalind Krauss et de la revue américaine October en France à la fin des années 1970 et au début des années 1980.
La revue américaine October, créée en 1976, a développé parmi ses thématiques une réflexion sur la photographie qui a fait date dans l’histoire de la théorie dédiée à ce médium. Il s’agira de s’interroger sur la manière dont cette pensée théorique, notamment celle développée dans les écrits de Rosalind Krauss, s’est diffusée et a influencé le milieu intellectuel français de la fin des années 1970 et du début des années 1980 (Art Press, Macula, La chambre claire (1980) de Roland Barthes et L’acte photographique et autres essais (1990) de Philippe Dubois).

16h-16h30 : Marie Gautier, doctorante, histoire de l’art contemporain, université Paris 1.
La constitution d’une critique photographique en France : l’influence américaine.
En France, les années 1960-1970 voient naître une critique photographique dans des revues récemment créées (Contrejour, Zoom, Les Cahiers des 30 x 40, etc.). Celle-ci témoigne d’une influence venant des Etats-Unis et de New York en particulier. Il s’agira ici de montrer que cette influence passe moins par le modèle des discours critiques que par la découverte de la photographie américaine contemporaine.

DISCUSSION.

CLOTURE :

17h-17h30 : Françoise Reynaud, conservateur pour la photographie, musée Carnavalet, Paris.

17H30-19H : POT DE FIN DE JOURNÉE.

Légende de l'image : Léon de Vos, “Le Chrysler Building”, tirage argentique, 50 x 35 cm, 1935, coll. Société française de photographie.