« Le premier désir est venu d’une série d’images retrouvées sur l’île la plus proche du pôle Nord : trois explorateurs littéralement tombés du ciel dérivent avec la banquise ».

Hélène Gaudy aborde ainsi l’origine de son dernier roman, Un monde sans rivage paru en août 2019 chez Actes Sud. L’autrice y suit l’expédition polaire S.A. Andrée cherchant à atteindre le Pôle Nord en ballon depuis l’archipel du Svalbard en 1897.

Après un vol de trois jours et une errance de trois mois, l’aérostier suédois et ses deux compagnons Nils Strindberg et Knut Fraenkel périrent sur Kvitøya, « l’île blanche. » En 1930, la découverte des restes de leur campement par des pêcheurs norvégiens suscite un émoi proportionnel à l’enthousiasme qui avait accompagné le départ des explorateurs trente-trois ans plus tôt. C’est là que sont trouvés les négatifs à l’origine du roman d’Hélène Gaudy, une « absence changée en paysage[1] » photographiée par Nils Strinderg. 

Le 26 janvier 1897, le photographe Triboulet projette devant la Société Excursionniste des Amateurs de Photographie ses prises de vues aérostatiques de l’île des Danois lors d’une première tentative d’Andrée à l’été 1896. Le fonds conservé à la SFP regroupe les photographies officielles du dernier envol des trois explorateurs l’année suivante. Représentant de l’atelier d’Henri Lachambre pour la livraison et le départ du ballon, Alexis Machuron prend de nombreux clichés, reproduits dans l’ouvrage Andrée au Pôle Nord en ballon.

Les circonstances du dépôt de ces plaques et de l’album dans les collections de la SFP restent mystérieuses : eut-il lieu par l’intermédiaire de la SEAP, de Nadar (Machuron dédicace son portrait fait par Nadar au capitaine du navire de l’expédition) ou de l’imprimeur Bergeret, membre de la SFP et éditeur des clichés de Machuron en cartes postales ?

Il reste que ces images témoignent de l’engouement de la seconde partie du XIXème pour l’exploration des régions arctiques et antarctiques, dans la lignée des grandes épopées de Jules Verne et complètent les célèbres photographies de Nils Strinberg, dont Machuron était l’ami.

Boîte d’origine des 13 plaques de verre du départ de l’expédition polaire S.A André par Alexis Machuron, 9 x 12 cm, FRSFP_1071_DA_0001

Alexis Machuron, L’expédition bloquée par les glaces, 26 juin 1897, positif sur plaque de verre au gélatino-bromure d'argent, 8 x 10 cm, FRSFP_1071_PP_0008

Alexis Machuron, Les explorateurs, première planche de l’album L’expédition polaire S.A Andrée, 1897, aristotype, 12 x 17 cm, FRSFP_0021_ALB_0001

Alexis Machuron, Préparatifs au départ, planche de l’album L’expédition polaire S.A Andrée, 1897, aristotype, 12 x 17 cm, FRSFP_0021_ALB_0011

Alexis Machuron, Vérification de l’étanchéité, planche de l’album L’expédition polaire S.A Andrée, 1897, aristotype, 12 x 17 cm, FRSFP_0021_ALB_0010

Alexis Machuron, Alea Jacta est !!!, planche de l’album L’expédition polaire S.A Andrée, 1897, aristotype, 12 x 17 cm, FRSFP_0021_ALB_0023

CM


[1] Hélène Gaudy, Un monde sans rivage, Actes Sud, août 2019, p.18